Cela peut arriver à tout le monde de se sentir déprimé, de se dévaloriser, d’avoir la sensation que « tout est nul », « que ça sert à rien », mais en règle générale, cet état négatif passe assez vite. Ce qui n’est pas le cas chez une personne dépressive. La dépression n’est pas de la fénéantise ou de la paresse, c’est une maladie, un déséquilibre sévère au niveau neurologique. Le cerveau d’un individu dépressif ne parvient plus à initier des actions. La personne s’enfonce progressivement dans une humeur triste et une inhibition globale. Bien qu’il existe des facteurs de risque, la dépression peut néanmoins toucher tout le monde et pas que des personnes dites « vulnérables ».
Qu’est-ce que la dépression ?
La dépression est une maladie mentale caractérisée par un trouble de l’humeur (tristesse, perte d’intérêt, de plaisirs, découragement, dévalorisation, baisse de l’estime de soi, perturbation psychomotrice, fatigue, trouble de l’appétit, trouble du sommeil, pensées suicidaires parfois,…)
La dépression est un état de souffrance permanente. C’est une expérience difficile et douloureuse, elle prive la personne de ses intérêts, des plaisirs, de la volonté d’améliorer les choses, elle entraine une vision profondément négative de soi et du monde. La personne a le sentiment qu’elle ne s’en sortira jamais. Le fonctionnement de la personne est complètement altéré. Elle atteint des parties importantes du cerveau qui ralentissent les aptitudes intellectuelles de la personne, posant des problèmes pour être efficace dans sa vie de tous les jours ou pour s’en sortir.
La dépression profonde n’est pas à confondre avec une déprime passagère qui elle, concerne plutôt des doutes, des questionnements quand il se passe un événement impliquant une réorganisation ou la façon de voir les choses (exemples : un déménagement, une séparation, un changement de boulot). La déprime, qui est une baisse d’humeur passagère, liée à une situation donnée, s’estompe généralement en moins de 15 jours. Dans la dépression passagère, il n’y a pas de sentiment de totalement perdre pied.
Que se passe-t-il dans la tête d’une personne dépressive ?
On parle d’impuissance acquise ou apprise : le cerveau d’une personne dépressive pense que les actions qu’il entreprend n’auront aucun effet, que cela ne sert à rien d’agir, qu’il n’y a aucune issue possible. Cette idée étant généralisée à toutes les autres situations, la personne tombe alors dans une spirale « moins elle en fait, plus elle sent impuissante et déprimée. » Les personnes dépressives ruminent beaucoup et sont en boucle sur un même problème. Le cerveau ne fournit plus aucune motivation pour se bouger ou pour s’en sortir. La personne se mettra alors à culpabiliser de ne rien faire. Elle est prisonnière de ses émotions négatives et de sa tristesse.
Les facteurs de risque de la dépression :
Les facteurs de risque à la dépression peuvent être l’isolement, un événement traumatique, ou certains caractères héréditaires.
On peut considérer ces facteurs de risques en 2 parties :
- les facteurs endogènes : on parle de dépression endogène lorsqu’elle est ancrée dans la personnalité de la personne, par exemple, tout ce qui est biologique, héréditaire, les facteurs sexe (les femmes sont 2 fois + affectées que les hommes en général, ceci pouvant être expliquer par des facteurs hormonaux et psychologiques), l’éducation, le manque de valorisation et l’âge.
- les facteurs exogènes : on parle de dépression réactionnelle due à un événement de vie difficile dans lequel la personne se sent impuissante. Cela peut provenir d’une situation particulière (chômage, harcèlement), le stress, les évènements de vie, les conditions difficiles de vie/travail, la luminosité, les maladies lourdes (cancer, diabète, troubles cardiaques,…), les maladies touchant à l’autonomie fonctionnelle (hyper/hypothyroïdie,…) et les maladies où la douleur physique est à la base de la survenue de la dépression.
Une personne dépressive adopte un comportement d’inhibition avec une idée négative d’elle-même sur son état actuel. Ses proches ont aussi tendance à adopter ce regard vis-à-vis d’elle, renforçant son « auto-flagellation ». Elle s’enfonce alors dans un cercle vicieux.
Que se passe-t-il dans le cerveau d’une personne dépressive ?
La dépression modifie 3 zones dans le cerveau :
- le cortex préfrontal, qui est en charge de la capacité d’adaptation, s’atrophie au fil de la dépression et lors des rechutes.
- l’amygdale, qui joue un rôle fondamental dans le décodage des émotions, est plus active chez une personne dépressive.
- l’hippocampe, qui joue un rôle central dans la mémoire et la navigation spatiale, devient tout petit.
Ces modifications entrainent de lourdes conséquences : l’atrophie du cortex cérébral entraine une baisse de l’attention, la perte de flexibilité cognitive, le ralentissement psychomoteur, le manque de spontanéité, la dysphorie (inquiétude avec agitation maladive) ou l’anhédonie (incapacité d’un sujet à ressentir des émotions positives lors de situations de vie pourtant considérées antérieurement comme plaisantes). L’amygdale hyperactive modifie la façon dont le cerveau traite les émotions, la personne va avoir tendance à considérer les choses de manière négative. La diminution du volume de l’hippocampe chez les sujets déprimés, entraine des troubles de la mémoire narrative.
Chez une personne dépressive, toutes ses compétences sont altérées, tout fonctionne au ralentit, on remarque une diminution globale intellectuelle, un ralentissement verbal et psychomoteur.
Quels sont les symptômes ?
La dépression associe les symptômes suivants (plus ou moins présents selon les personnes) : une humeur dépressive avec une tristesse inhabituelle et profonde sans pouvoir la relier à une cause, une vision pessimiste du monde et de soi-même avec des sentiments d’insatisfactions et de dévalorisations extrêmes de plus en plus présents. Une fatigue extrême, lourde, avec une sensation de ne jamais pouvoir récupérer, le sommeil n’est pas réparateur. Il y a une sensation d’une perte d’énergie constante. Des troubles alimentaires avec soit une tendance à l’hyperphagie (tendance à la boulimie), ou à l’inverse, une perte d’appétit avec un risque d’anorexie. Des troubles du sommeil avec soit des insomnies, ou au contraire une impossibilité de se lever. Un ralentissement général ou une agitation inhabituelle. Un sentiment de culpabilité inappropriée et très envahissant. Une inhibition, c’est-à-dire, l’effondrement de l’élan vital et des fonctions intellectuelles, des difficultés de concentration avec des pertes de mémoire et de l’activité motrice avec ce qu’on appelle, une asthénie, un ralentissement psychomoteur. Des idées noires avec des comportements suicidaires, un sentiment de néant avec des ruminations, des idées négatives jusqu’à l’épuisement. Des troubles somatiques qui accompagnent un état dépressif (troubles digestifs, neuromusculaires, cardiovasculaires, troubles sexuels).
On distingue :
- La dépression légère qui est un épisode dépressif léger qui dure en moyenne moins de 6 mois (exemple dépression saisonnière, post-maternité, deuil). C’est la dépression la plus fréquente dans la population en général.
- La dépression lourde, qui peut durer plusieurs années. Elle peut parfois durer toute une vie.
- La dépression chronique qui se manifestent par des épisodes de dépression qui reviennent.
- La dépression réactionnelle, causée par un événement marquant ou une pression psychique excessive (consécutif à un deuil, un accident, un harcèlement, etc).
- La dépression du post partum qui se manifeste par une tristesse profonde et durable, de l’irritabilité, de l’anxiété et de la vulnérabilité. Elle s’explique par des changements physiologiques (chute hormonale importante), une augmentation du stress, un manque de sommeil et par les énormes changements de vie provoqués par l’arrivée du bébé.
- La dépression bipolaire qui est une alternance entre la phase dépressive et la phase maniaque.
Comment s’en sortir ?
Dans un premier temps, une aide chimique avec un traitement antidépresseurs ou un dosage pour la thyroïde, permettra à la personne d’être dans une démarche d’activation comportementale avant de se lancer dans une activation intellectuelle, qui implique la capacité d’avoir un recul sur soi.
Une psychothérapie pourra permettre au patient de comprendre les origines du mal-être et des angoisses ressentis dans certaines situations et de les vaincre. Une psychothérapie dynamique va accompagner la personne à trouver une des solutions de manière à ce qu’elle reprenne le contrôle de sa vie. Le psychologue va aider la personne à trouver un équilibre entre l’utilité et le plaisir.
Quelques outils :
- La luminothérapie qui joue sur la fatigue due à la baisse de la luminosité.
- Les techniques TCC : une thérapie comportementale viendra accompagner le patient en vue de diminuer les distorsions de la réalité avec des techniques de modifications des pensées.
- La thérapie interpersonnelle vise à rétablir les relations que la personne a avec ses proches.
- La mindfulness ou la méditation de pleine conscience, récemment importée dans le monde de la psychologie, est préconisée dans le but d’une recherche de la bienveillance envers soi-même.
- La thérapie d’acceptation et d’engagement « ACT », encourage à accepter la situation actuelle pour mieux avancer avec les événements psychologiques et environnementaux, au fur et à mesure qu’ils se produisent, d’assouplir nos comportements et d’avoir des actions plus proches de nos valeurs.
Tous ces outils sont à adapter selon la personne et la situation, ils sont à associer avec d’autres techniques. Dans la dépression, il est important de régler tous les soucis pour éviter les rechutes car elles sont toujours de plus en plus difficiles.